13. avr., 2022

"C'EST AUX ELECTEUR.TRICE.S A CONNAITRES LEURS HOMMES ET FEMMES, ET NON A CES DERNIER.E.S DE SE PRÉSENTER"


Je mets ici ce document historique pour expliquer le sens que l'on peut donner à l'abstention politique pour la prochaine élection présidentielle dimanche, puis dans quinze jours.

https://lherbu.com/2022/04/enfin-cherchez-des-hommes-aux-convictions-sinceres.html

Je n'irai pas voter dimanche, et je n'irai pas voter non plus dans quinze jours : aucun.e des candidat.e.s de gauche ne correspond aux critères de cette affiche qui a 150 ans. Et quand bien même un.e candidat.e remplirait ses critères, nous buterons toujours sur le fait que la constitution de la Ve République, un régime hyper-présidentiel qui donne des pouvoirs exorbitants à une seule personne et détourne le sens à donner au terme même de "démocratie" est opposée aux valeurs démocratiques d'un pays qui a forgé une partie de son histoire sur des révolutions qui avaient pour objectif d'instaurer une république sociale, celles de 1792, de 1848, de 1870 puis le programme du CNR au sortir de la guerre.

On peut très bien comprendre les motivations des un.e.s à espérer la présence d'un candidat de gauche au second tour en la personne de Mélenchon pour éviter le très mauvais remake cauchemardesque macron vs le pen de 2017, on peut très bien entendre le point de vue de celles et ceux qui soutiennent Poutou, Roussel, Hidalgo, Jadot.

On peut en revanche bien moins comprendre ce qui risque de se profiler à l'horizon dès lundi prochain, agiter l'épouvantail de l'extrême-droite pour enclencher à nouveau l'antienne du "vote républicain" en votant par défaut pour le candidat d'extrême-centre qui va achever de miner soigneusement l'Etat social en détruisant les acquis sociaux qui n'ont été gagnés qu'après les luttes sociales menées par celles et ceux qui nous ont précédé.e.s. On a déjà vu en 2002 et 2017 les échecs de ce vote républicain. Rien n'a changé dans la vie politique depuis 20 ans. Le barrage à l'extrême-droite ne passe pas par le vote par défaut mais bien par la délégitimation de la fonction présidentielle dans le cadre de cette Ve République née elle-même d'une espèce de coup d'Etat institutionnel.

Si nous aspirons à gauche à un changement et à une transformation politique et sociale, faisons en sorte de vider cette élection de son contenu et que le.la prochain.e président.e soit le.la plus mal élu.e possible de manière à provoquer une crise de régime qui ouvre l'horizon du possible. Et cette crise de régime, prenons conscience avec un peu de lucidité qu'elle est DEJÀ là, depuis au moins 2002. Cela fait vingt ans que le pacte républicain et démocratique a été rompu.

Vincent Mespoulet