23. janv., 2022

Arrêtons de voter pour nos bourreaux

Le 29/12/21 :


Sommes-nous des pourfendeurs de démocraties ou sommes-nous des insouciants préférant partir à la pêche les jours de scrutin ? Nous ne sommes ni l'un ni l'autre.

Tous les cinq ans, les électeurs de la gauche anticapitaliste se retrouvent à élire une personne dont ils ne veulent pas et qui va tailler en pièces leurs espoirs et leur éthique humaniste, progressiste et égalitaire, pendant l'intégralité de son quinquennat. Nous élisons un français pour notre pays alors que la finance est internationale et qu'elle se moque des frontières. Les industries françaises que notre président va servir en les abreuvant d'argent public, délocalisent, embauchent à l'étranger et leur siège se situe dans des paradis fiscaux pour s’exonérer d'impôts. Pour ces financiers et la marionnette qu’ils ont fait élire, la France n’est plus une fin, mais un moyen. Une startup comme une autre où les parties qui la composent s’achètent, se vendent, rapportent ou se liquident. Pendant cinq ans, le nouveau président va servir une oligarchie qui n'aura de cesse que de sauvegarder et de faire prospérer ses propres intérêts sur le dos de la communauté, en saccageant les services publics, en détroussant les plus faibles, en changeant les règles à son avantage, avec une telle d'avidité, une telle addiction, une telle mégalomanie que cela relève plus de la pathologie que du dogme. Outre toutes les mesures antisociales qui ont été prises depuis le début de ce quinquennat, la gestion de la crise sanitaire montre l’amateurisme, l’autoritarisme, l’absurdité, le cynisme et l’impunité de ceux qui prétendent nous gouverner.

Telle qu'elle est, la démocratie de la Ve République est une machine mise à disposition d'une élite dominante qui traite ses administrés avec autant de mépris et de pragmatisme qu'un éleveur de bétail. La technique est bien huilée et laisse peu de place à une éventuelle surprise. Les chiens de garde médiatiques veillent à ce que l'opinion publique soit bien orientée vers la même alternative qui n'offre que le choix entre « bonnet blanc et blanc bonnet » au premier tour, puis entre la peste et le choléra au second tour. Les anticapitalistes sont relégués au rang de figurants cultivant un espoir qui ne peut être que déçu.

Afin de mettre un terme à cette vertigineuse dérive, nous souhaitons reprendre la main sur notre destinée. C'est pourquoi nous voulons boycotter ces présidentielles, c'est-à-dire accomplir un acte révolutionnaire en nous abstenant d'aller voter. Nous voulons lui donner une portée politique en désertant les urnes volontairement. Nous voulons lui donner une visibilité en le médiatisant sur tous types de supports, en diffusant notre démarche par tous moyens, en unissant nos efforts dans des comités locaux. Nous voulons lui donner une lisibilité en affichant clairement notre volonté de refonder cette société et ce système démocratique par une constituante que nous revendiquons. Nous voulons que l'élu qui sortira de cette élection ne soit ni vainqueur, ni légitime. Le raz-de-marée de notre boycott doit être suffisamment éloquent pour invalider son élection et, par la force de notre nombre, nous voulons élire une assemblée nationale qui aura pour mission de mettre en place une assemblée constituante.

JBL